Marché financier : perspectives et réflexions pour 2024

BMO Gestion privée - 4 avril 2024
Dans un contexte financier plutôt instable, Caroline Renaud, Vice-Présidente et Directrice de marché à Montréal, Richard Belley, Premier directeur général, Titres à revenu fixe et gestionnaire de portefeuille BMO Gestion privée, et Stéphane Rochon, P
Caroline Renaud, Richard Belley, et Stéphane Rochon

Dans un contexte financier plutôt instable, Caroline Renaud, Vice-Présidente et Directrice de marché à Montréal, Richard Belley, Premier directeur général, Titres à revenu fixe et gestionnaire de portefeuille BMO Gestion privée, et Stéphane Rochon, Premier directeur général, Services-conseils en gestion de portefeuille, BMO Gestion privée, explorent les complexités des marchés mondiaux.

Cette table ronde sur les prévisions en 2024 a permis de mettre en lumière les tendances économiques actuelles afin d’appréhender les prochains mois. Malgré certains défis, les experts regardent l’année à venir d’un œil optimiste, soulignant même de potentielles opportunités.

Des taux d’intérêt qui surprennent

Caroline Renaud ouvre la discussion avec une problématique centrale à la situation économique actuelle : les taux d’intérêt. Richard Belley souligne avec étonnement :
« Pour la première fois en dix ans, on ouvre une présentation sur les marchés financiers en parlant des taux d’intérêt ». Cette mutation reflète un contexte où, après plusieurs années de taux exceptionnellement bas, l’attention se porte à présent sur les orientations futures des politiques monétaires, en particulier celles de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale américaine. Les deux institutions semblent envisager la fin du cycle de hausse des taux d’intérêt, avec des spéculations sur des réductions potentielles. Cette incertitude peut créer la volatilité des marchés que l’on ressent actuellement.

Les experts voient tout de même la situation de manière favorable : « [...] l’inflation va se retrouver dans une fourchette de 1,5 % à 2,5 %, qui est respectable, voire appréciable, et les banques centrales vont couper un peu les taux. Le marché des actions performe bien. Le marché des obligations corporatives aussi, c’est positif, » explique M. Belley.

Les prévisions indiquent une croissance et une inflation modérées, avec des taux estimés à environ 3 % pour les obligations gouvernementales canadiennes et 3,75 % aux États-Unis. On s’attend à une baisse générale des taux, soutenue par une croissance économique modeste et une inflation contrôlée. En ce qui concerne les taux d’intérêt sur le long terme, ceux-ci seraient en phase de « renormalisation », et devraient se situer entre 2,75 % et 4,5 %, sans atteindre les pics historiques. La politique monétaire affectera surtout les taux à court terme.

Du côté de l’immobilier, les taux hypothécaires sont à la baisse comparativement aux 6 derniers mois, ce qui semble stimuler l’achat de propriétés. Cette tendance pourrait maintenir un dynamisme soutenu sur le marché immobilier.

Abordant le dollar canadien, M. Rochon estime qu’il semble actuellement sous-évalué d’environ 5 cents, sans toutefois signifier une hausse immédiate de sa valeur. La corrélation traditionnelle entre le dollar canadien et le prix du pétrole s’est estompée. Parallèlement, le secteur du cuivre se révèle prometteur, son potentiel d’investissement continuant de surpasser les attentes. Malgré sa grande importance dans les domaines de l'énergie renouvelable et des véhicules électriques, son impact sur le dollar canadien reste modeste.

Un dollar canadien plus faible bénéficie à l’économie exportatrice du Canada, surtout vers les États-Unis, en renforçant la compétitivité des exportations. Il est probable que la Réserve fédérale américaine baisse les taux avant la Banque du Canada, qui suit souvent les tendances de la politique monétaire américaine.

Investir avec prudence et intelligence

L’année dernière, le marché était dominé par quelques actions majeures, les Magnifiques sept (ou Magnificent 7) désormais réduites à six après la chute des actions de Tesla. Face à l’incertitude de l’industrie technologique, les panélistes conseillent de se tourner vers des secteurs plus stables comme les Fiducies de placements immobiliers (REIT en anglais). « Il ne faut pas simplement se ruer vers la technologie parce que ça a été un secteur hyper populaire. Ces actions-là profitent des bonnes nouvelles, mais il y a des opportunités dans d’autres secteurs aussi, » avise M. Belley. Il relève la stabilité du domaine de l’infrastructure et souligne l'intérêt croissant pour les placements privés, tout en avertissant des risques de saturation du marché et des modifications réglementaires.

Stéphane Rochon recommande aussi une approche prudente en matière d’investissement, privilégiant des industries traditionnellement fiables telles que le secteur ferroviaire et les services publics. Soulignant l'intérêt accru envers l'intelligence artificielle, il conseille d'investir avec vigilance : les nombreuses perspectives positives dans le domaine technologique pourraient avoir un impact éphémère et s'avérer risquées.  Il reconnaît néanmoins le potentiel significatif de l'IA chez des acteurs clés comme Microsoft.

Pour les investisseurs en quête de diversification de portefeuille et d’opportunités émergentes sur les marchés actuels, certains secteurs ciblés sont prometteurs. Les panélistes soulignent notamment l’utilité publique et l’énergie renouvelable qui se démarquent grâce à des valorisations attractives et des prévisions de rendement favorable, renforcées par des anticipations de taux d’intérêt stables. Les institutions financières, notamment les banques américaines, se présentent également comme des options intéressantes, avec un potentiel de gains significatifs.

Récession à l’horizon?

« Les licenciements sont souvent perçus comme un indicateur de réduction des investissements, » souligne un participant, exprimant les inquiétudes d’une possible récession et d’une baisse des marchés. Cependant, M. Rochon et M. Belley offrent tous deux une perspective optimiste, citant un modèle indiquant une baisse de la probabilité de récession et un taux de chômage plutôt bas, malgré des licenciements sectoriels. Il note aussi que certaines actions ont surpris par leur forte performance, démontrant une complexité dans l’évaluation économique.

De plus, les récentes mises à pied dans le secteur technologique visent principalement à préserver les marges bénéficiaires, ne signalant pas nécessairement une récession, vu la robustesse du marché de l’emploi. Avec l’inflation en recul et une croissance économique supérieure aux attentes, Stéphane Rochon ne voit pas de corrections des marchés boursiers majeures dans un futur proche puisque, selon lui, le climat économique, en particulier au Canada et en Amérique du Nord, reste favorable.

Richard Belley poursuit avec mesure : « Est-ce qu’on est dans une récession? Je ne pense pas. Est-ce que sans la croissance de la population au Canada, on se retrouverait dans une récession actuellement? Certainement. Est-ce qu’on va l’éviter au Canada? Nos modèles nous donnent environ 40 à 42 % de probabilité d’une récession dans les douze prochains mois. On sait que ça peut changer d’une journée à l’autre, mais pour l’instant la tendance semble nous enligner vers une croissance économique lente mais positive. »

Résilience des marchés face aux conflits géopolitiques

Les débats ont souligné l’influence des événements géopolitiques, tels que les élections américaines de 2024 et les tensions au Moyen-Orient et en Europe de l’Est, sur la stabilité des marchés financiers. L’éventuelle candidature présidentielle de Donald Trump et les multiples crises politiques à l'international pourraient introduire une certaine instabilité sur les marchés internationaux.

Selon les panélistes, le ressenti serait néanmoins de courte durée : les marchés, principalement guidés par des algorithmes évaluant les perspectives économiques, tendent à absorber rapidement l’impact des conflits. Les marchés obligataires réagissent encore plus brièvement aux tensions, les investisseurs cherchant refuge dans les obligations de la trésorerie américaine en période d’incertitude. À long terme, les marchés sont plus influencés par des facteurs économiques tels que la gestion de la dette, la croissance et l’inflation, plutôt que par des événements géopolitiques ponctuels.

Adaptabilité, diversification et vision stratégique

En somme, l’étude des marchés financiers met de l’avant la nécessité pour les investisseurs de faire preuve de flexibilité face à un contexte en constante évolution. En se tenant informé des nouvelles tendances, en diversifiant leurs stratégies d’investissement, et en restant concentrés sur leurs objectifs à long terme, il est non seulement possible de surmonter les obstacles à venir, mais aussi d’entrevoir différentes opportunités d’investissement qui se dessinent sur les marchés boursiers mondiaux.

 

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